Jeudi 26 mars – Les enjeux de la réalité

Edward Snowden, ennemi d’Etat

 

Un ancien employé de la NSA est traqué par le système de renseignement le plus puissant du monde. John Goetz et Poul-Erik Heilbuth, qui ont réalisé « Edward Snowden, ennemi d’Etat », assimilent cette opposition à celle de David contre Goliath. Pourquoi ? Car un jeune homme de 29 ans a ouvert un débat planétaire sur la surveillance des citoyens et le pouvoir technologique des Etats.

#Sécurité                                                                                                                                                                        Edward-Snowden-ennemi-detat

La sécurité et la liberté seraient étroitement liées. C’est en tout cas ce qu’affirme Michael Hayden, ancien directeur de la NSA, la tentaculaire agence de renseignement américaine chargée de prévenir les menaces terroristes à l’encontre des Etats-Unis. Pour cet ancien général, « Edward Snowden est un lâche et un traître » car en révélant de nombreuses actions
top-secrètes, il aurait mis en danger son pays.

#Lanceurs d’alerte

Comment protéger les lanceurs d’alerte ? Ces personnes issues de la société civile qui décident de révéler des informations cachées car ils jugent que celles-ci devraient être connues du grand public. Le cas Edward Snowden est emblématique du danger encourus par ces « whisteblowers », comme les appellent les anglo-saxons. Il a dû fuir à Hong-Kong puis en Russie avant de passer un mois dans un terminal d’aéroport pour échapper aux pressions du
gouvernement américain qui souhaite le juger. Dans son pays, le lanceur
d’alerte Edward Snowden encoure la peine de mort.

#Asile

L’épopée d’Edward Snowden ressemble à un roman d’espionnage. Si, aujourd’hui, il a obtenu une protection de la Russie, ses demandes d’asile auprès de nombreux pays se sont massivement soldées par des refus ou des silences. La France au premier rang. Le réalisateur Poul-Erik Heilbuth raconte qu’un plan secret prévoyait même de transférer Edward Snowden dans un avion américain au cas où il atterrissait à Paris, avant qu’il ne puisse faire sa demande d’asile. Seul l’Equateur d’Evo Morales s’était dit prêt à l’accueillir, mais le transfert Moscou-Quito n’a jamais pu avoir lieu.

#Guerre technologique

L’affaire Snowden, c’est avant tout celle d’une machine de guerre technologique. La NSA emploie 100.000 personnes aux Etats-Unis qui utilisent tous les outils offerts par les réseaux internets, les opérateurs de télécommunications, les grandes firmes du web… Un véritable arsenal numérique leur permet de retracer la vie de chaque personne qui s’intègre dans ce réseau technologique devenu omniprésent. Et ce sans que les citoyens ne soient mis au courant et, surtout, sans qu’ils aient les moyens de lutter contre une telle force de frappe.

#Crédibilité journalistique

Pour mener cette enquête, les réalisateurs ont dû recourir à de nombreux subterfuges afin que les proches de Snowden acceptent de leur parler. « Une de nos sources avait tellement peur que nous soyons traqués que j’ai dû prendre un taxi, en sortir dans un lieu caché et y laisser mon téléphone portable pour que nous ne soyons pas repérés par son signal GPS » raconte Poul-Erik Heilbuth. Selon lui, dans les prochaines années, les écoles de journalisme intégreront des cours pour apprendre aux futurs enquêteurs à masquer leurs communications. « Ce sera essentiel pour notre crédibilité : il faudra assurer la sécurité des gens avec lesquels nous travaillons. »