Russie : la chasse aux homosexuels

Le 30 juin 2013, le président russe, Vladimir Poutine, promulgue une loi contre la « propagande » homosexuelle devant mineur. Depuis, gays et lesbiennes sont victimes d’une véritable chasse à l’homme au pays du Kremlin et de la vodka. Elise Menand et Madeleine Leroyer sont allées sur place pour rencontrer chassés et chasseurs.

#Minorité

Cette loi intervient dans un contexte politique particulier. Depuis les élections législatives de 2011, Vladimir Poutine voit fleurir dans son pays une nouvelle opposition. Une opposition qui n’hésite pas à descendre dans la rue pour contester le pouvoir de l’ancien officier du KGB. Les réalisatrices voient donc en cette loi une volonté politique d’unir le peuple russe en lui trouvant un ennemi commun : l’homosexuel. « Avant cette loi, il ne faisait pas bon être gay ou lesbien en Russie mais on n’était pas persécuté. Maintenant, c’est clairement le cas. Même si depuis, le rebelle ukrainien ont un peu pris cette place de bouc émissaire. »

#Neonazis

Après avoir ouvert la brèche, le gouvernement russe ferme les yeux. Des factions néo-nazies pourchassent les homosexuels, les persécutent et s’en vantent sur le net. L’une d’elles, Okkupay Pedofilyay, est particulièrement connue. Sa marque de fabrique : raser la tête de ses victimes pour y dessiner un drapeau arc-en-ciel, symbole des LGBT. Et cela n’a pas l’air d’émouvoir les forces de l’ordre russes.

#Conservatisme
Cette volonté d’unité se traduit aussi par la référence de Vladimir Poutine à des valeurs refuges : famille patriarcale, religion orthodoxe… Pas étonnant que l’homosexuel soit alors pointé du doigt. Dans les églises de Sotchi ou de Saint-Pétersbourg, les Popes dénoncent ces « comportements déviants ». Du côté des politiques, Vitaly Milonov, député de Russie, le parti de Vladimir Poutine, sans complexe, n’hésite pas à comparer une relation homosexuelle à une relation avec un objet ou un animal.

#MariagePourTous
Ces valeurs traditionnelles, la Russie s’y réfère pour s’opposer à l’Occident. Juin 2013, c’est aussi le débat sur le mariage pour tous en France. Du pain béni pour notre bon député : selon lui, François Hollande ouvrirait « les portes de l’enfer ». Face à la décadence de l’Ouest, la Russie reste digne. Mais pour Madeleine Leroyer, qui a vécu 6 ans Russie, le Kremlin est dans le déni : « La Russie, c’est quand même le pays de l’avortement, des mères célibataires, du divorce… »

#Propagande
« Il faut appeler un chat un chat. Ce sont des pédérastes, des sodomites. » Ces mots sont tenus sur la télévision russe par un présentateur bien connu et écouté. Aucune sanction. « Il faut savoir qu’en Russie, la population s’informe presque exclusivement par la télévision. Et cette télévision est bien contrôlée par l’Etat, pointe Madeleine Leroyer. Les journaux résistent à cette propagande. mais ils ne sont pas lus… »