Des documentaires très loin du déjà vu

C’est un peu le « certain regard » de Cannes, mais version Le Touquet.

Autrement Vu est une des sélections du FIGRA. Avec un regard décalé, personnel, qui montre la plupart du temps des vies bousculées.

Des films qui captent l’intime, comme celui de Pierre Verdez, qui suit Simon, Celui qui chante, un jeune ténor paralysé par un accident qui continue de chanter sans rien lâcher…

 

P1030823

Amandine Sellier est journaliste et anime les débats pour les films Autrement Vu. 

« Avec un ton différent, le réalisateur vous tape sur l’épaule et vous interpelle avec une subjectivité assumée ».

Ces histoires personnelle en disent souvent plus long que des reportages classiques. « Comme avec Lohnny, jeune précaire normand qui part vivre dans le Sud dans Un aller simple pour Perpignan ».

Les thématiques ? « L’éloignement, la province, des sujets qu’on ne voit jamais ! Et puis beaucoup de service public, du pédagogique ».

Les spectateurs ? Nombreux! Des jeunes qui sont davantage captivés par ces récits de vi. Et des personnes âgées, qui découvrent une nouvelle façon de se documenter.

« On ne croule pas sous les chiffres, on découvre plutôt le sujet à travers des destins individuels, mais ça n’enlève rien à la qualité : il y a toujours un équilibre entre l’information et l’émotion ».

Rencontre avec deux des réalisateurs d’Autrement Vu. 

Le téméraire Pascal Henry, enquêteur

IMG_9886

Pascal Henry, c’est du solide. Cette année, il met le doigt sur un gros scandale français avec Areva : des milliards en fumée. L’histoire est rocambolesque : le géant de l’uranium se fait avoir deux fois par un junior sudafricain qui lui vend des mines inexploitables : la Trekkopje en Namibie et la Bakouma en Centrafrique.

Quand on demande à Pascal Henry comment il convainc les grands patrons de parler, il répond « notoriété » et « réseau ».

« Il faut avoir des gens de confiance, qui t’invitent à des dîners, te mettent à la même table que les patrons, et là ils te racontent tout. Derrière tu arrives à avoir une interview parce qu’ils te respectent, savent que tu travailles avec rigueur, que tu ne fais pas ça pour le scandale ».

Personnage atypique, il traite les scandales financiers à sa sauce : humour, ironie, situation personnelle. La pointure se permet des angles intimes avec des sujets lourds, parce que depuis le temps, il maîtrise…

Le sensible Bertrand Schmit, réalisateur

IMG_9899

C’est son premier documentaire diffusé : Un aller simple pour Perpignan.

Un sujet rare : des jeunes cabossés par la vie qui quittent leur région d’origine et osent affronter l’inconnu.

Johnny et Lohnny, dont la boussole indique le sud, partent sur un coup de tête dans les Pyrénées Orientales, parce qu’il fait beau, chaud et qu’on est proche de l’Espagne. Très vite, c’est la rue, l’hôtel social.

A la fin de la séance, Bertrand Schmidt, tellement ému, peine à répondre aux questions, la larme qui perle au coin de l’oeil, prête à s’écraser sur la joue… Il a passé un an avec ces jeunes, n’a jamais réussi à les quitter, retourne les voir.

Anaïs Denet et Emilie Gouveia-Vermelho.